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[ EXPOSITION ]
Parcours photographique
Du 13 juin au 10 aout ( Prolongation jusqu'en novembre) 2021.

Photo 1  ------>   2 Rue Gramont

Photo 2 ------>  17 Rue David Gradis

Photo 3 ------> 46 Rue Desse

Photo 4 ------>    1 Rue Colbert

Photo 5 ------>   11 Passage Feger

Photo 6 ------>  42 Cours de la Martinique

Photo 7 ------>  52 Cours Journu-Auber

Photo 8 ------>  Entrepôt Lainé, Rue Ferrère

Photo 9 ------>  Entrepôt Lainé, Rue Ferrère

Samedi 20 novembre 2021 - 16h30

Performance Les idéaux de Kevin Huber au Capc Musée d'art contemporain de Bordeaux.

 

Samedi 23 octobre 2021 - 14h

Performance Le Répondeur de Kevin Huber sous la plaque Passage Feger.

Dimanche 11 juillet 2021 - 11h - Déambulation photographique à vélo en compagnie de Bruno Falibois.

Dimanche 13 juin 2021 - 14h
Performance Les idéaux de Kevin Huber devant le buste de Toussaint Louverture, Quai des Queyries.

Parcours photographique soutenu par la Mairie de Bordeaux ( Aide à la création 2021) et produit par l’ Agence Sens Commun dans le cadre de Bordeaux saison culturelle 2021. 


 

“ Parmi ces artistes formidables héritiers des paysages ultra-marins, Bruno Falibois est l'un de ceux dont le parcours l'a amené à ce retour à la source de la création: la mémoire. Bordelais, son travail est teinté de cette traversée et de cette réconciliation tant les échos de la cale perdurent en résonance dans le silence transatlantique. Cette déambulation photographique réveille, nous l'espérons, les morts et les consciences de ces récits de l'histoire dont nous ne pouvons dorénavant plus être sourds. ”

Pierre-Antoine Irasque (chercheur & curateur)



Suite à la lecture du texte de Pierre Antoine Irasque, Faire flotter le rouge vent et le rouge isidan*, et aux discussions qui se sont succédées, questionner artistiquement l’espace public bordelais si avare de son passé esclavagiste est apparu pertinent voire nécessaire. Le fantôme de Toussaint Louverture trônant rive droite, étrangement à l’écart des quais historiques, m’a sommé d’inscrire les odonymes scélérats dans la souffrance magnifiée de la traversée. Le dimanche 13 juin 2021, pour l’ouverture dela saison culturelle bordelaise, Kevin Huber, performeur, vidéaste, peintre et dessinateur présentera une performance devant le buste de Toussaint Louverture qui précédera une déambulation sous 8 plaques de rues liées étroitement à l’esclavage. L’installation restera visible jusqu’au 10 août 2021, fin de la saison culturelle.
 

 
Bordeaux, la ville qui m’a vu naître, s’est enrichie grâce au commerce des denrées coloniales produites par les esclaves et à la traite négrière. Les stigmates issus de ce sombre passé tapissent lacité tels des spectres. Dans les années soixante, mon père guadeloupéen fit la traversée sur un bananier et y rencontra ma mère. Un métis donc, fruit de l’océan et des traversées, un sale nègre parfum bounty, un afro-européen échoué dans une cage de béton, mais aussi un lien révolté essayant d’embrasser l’ensemble de son Histoire. Une histoire épidermique et à l’estomac, Une transmission inconsciente sans doute. Un héritage de vagues contre la coque, de chaînes, de fouet,de maladies, de peur, de désespoir, de survie et de mort. Ma poésie, bouée et machette, nourrie des fantômes et des ondes de la cale enserrera les plaques de sept rues directement liées à l’abomination triangulaire : les six rues portant le noms de négriers (rue de Grammont, passage Feger, rue Desse, cours Journu-Auber, rue David-Gradis), la rue Colbert (le code noir), le cours de la Martinique ainsi que l'ancien entrepot colonial l'Entrepot Lainé rue Ferrère. La mémoire urbaine mortifère et vénale de la ville se verra questionnée par l’empathie sinon la projection ou l'imagination de chacun,les ellipses menant ses noms à notre contemporanéité seront peut-être comblées par la mémoire de l’océan, théâtre de nos hontes et réceptacle de nos déchets.
 
BF.

 


 

« Je dis hurrah ! La vieille négritude

progressivement se cadavérise

l'horizon se défait, recule et s'élargit

et voici parmi des déchirements de nuages la fulgurance d'un signe

le négrier craque de toute part... Son ventre se convulse et résonne...

L'affreux ténia de sa cargaison ronge les boyaux fétides de l'étrange nourrissons des mers !

Et ni l'allégresse des voiles gonflées comme une poche de doublons rebondie, ni les tours joués à lasottise dangereuse des frégates policières ne l'empêchent d'entendre la menace de ses grondements intestins

En vain pour s'en distraire le capitaine pend à sa grand'vergue le nègre le plus braillard ou le jette àla mer, ou le livre à l'appétit de es molosses

La négraille aux senteurs d'oignon frit retrouve dans son sang répandu le goût amer de la liberté Et elle est debout la négraille

la négraille assise

inattendument debout

debout dans la cale

debout dans les cabines

debout sur le pont

debout dans le vent

debout sous le soleil

debout dans le sang

debout

    et

       libre

debout et non point pauvre folle dans sa liberté et son dénuement maritimes girant en la dérive parfaite et
 
la voici :

plus inattendument debout

debout dans les cordages

debout à la barra

debout à la boussole

debout à la carte

debout sous les étoiles

debout

    et


       libre

et le navire lustral s'avancer impavide sur les eaux écroulées. »

Aimé Césaire, Cahier d'un retour au pays natal (extrait)

*FAIRE FLOTTER LE ROUGE VENT ET LE ROUGE ISIDAN

Pierre-Antoine Irasque

« Prête l'oreille aux libertés, entends-nous. Mères de tous les peuples, baisse 
ton regard sur nous, parle-nous un langage accessible ne fût-ce qu'à l'un de
nous. Car, il n'est besoin que d'une seule étincelle pour allumer un grand feu.
 Que le bruit de tes ailes réveille ne fût-ce que l'esprit de l'un
d'entre nous, car le choc de deux nuages suffit à faire jaillir l'éclair qui 
traverse la voûte du firmament de part en part, dispersent ces sombres
 nuages et descendent pareils à la foudre pour renverser ces trônes fait des
ossements de nos ancêtres » Les esprits rebelles, Gibran Khalil Gibran.


 

Objet non identifié que celle de cette toute première prescience esthétique du
 plus loin dont je me souvienne, celle d’un tsunami rouge recouvrant la ville de
 Bordeaux. Celle d’une submersion des façades grandiloquentes édifiées des
 denrées humaines que sont la sueur, la chair et le sang des esclavisé·es du 
triangle d’or. Celle des complaintes des folles et des fous visionnaires qui
 voyagent dans l’espace-temps pour faire entendre les oublié·es ; une 
supernova d’existences que rien ni personne ne peut dorénavant contenir, 
car elle ne répond à personne et parle à tout le monde.

« Naître au monde et aux Autres, par la plongée en soi — ta chair double (regardée gentiment) t'offrant la chair du monde, estrangetés désarmées en commune condition… et l’écart bienfaisant devant les certitudes… — » Michel de Montaigne

Dans la tempête, les mascarons créoles de l’architecture du premier port
colonial hexagonal pleurent encore leurs 150.000 filles et fils, figurant les témoins de cette histoire sourde face à des passant·es enivré·es du vin de l’amnésie collective. Malgré l’étherité de ces histoires, les gardien·nes de pierre restent à la porte des devantures bourgeoises, tels les garde-fous des sombres idées où « l’imagination crée à l’homme des Indes toujours suscitées, que l’homme dispute au monde » (1). Ce crime manœuvré contre l’Humanité (2001) dont certain·es restent encore aveugles de l’Histoire à débâtir et des récits à conter de cette « double facture »(2) — qui sera celui d’un impérialisme du savoir et de la science européenne, — au servile service de la raison universelle qui s’élève au pinacle de l’exploitation coloniale, esclavagiste et environnementale : la plantationocène. Voici donc le déchirement d’un monde antagoniste possible, dans lequel l’Occident invente l’« habiter colonial »(3) aux paradoxes de la modernité. Aux lumières flamboyantes de la pensée, c’est à ce même moment que la civilisation bascula dans l’avarice de l’entreprise capitaliste, celle de l’aventure coloniale durant près de 500 ans entre l'Appel, le Voyage, la Conquête, la Traite [négrière], les Héros [rebelles] et la Relation : « La monstrueuse mobilisation, la traversée oblique, le Chant de Mort. Un langage de déraison, mais qui porte raison nouvelle. Car aussi le commencement d’une unité, l'autre partie d’un accord commun, c’est l’Inde de souffrances après les Indes du rêve. Maintenant, la réalité est fille de l'homme... »(4). Clamons ensemble haut et fort ce chant élégiaque fait de cette « mangrove textuelle »(5), alternant l’accord d’un lieu de convoitise et d’un « non-lieu » utopique qui esquissera les chemins infinis de ce Tout-Monde à venir. Le souffle haletant, la voix éraillée dans les bras hybrides des liens de l’altérité, laissons-nous pleurer des larmes pour découvrir nos yeux au visage de l’Autre (Levinas). Faisons volte-face de tous les masques et bénissons ce dépouillement des facéties du pouvoir, en embrassant l’opacité du Gai Savoir (Nietzsche) sous cette éclipse insensée.


« WE CANNOT BE FREE UNTIL THEY ARE FREE » James Baldwin

Au cœur de la tempête, ce cahier des mémoires sera le cap essentiel d’une
renaissance de la cité et de ses habitant·es encore prisonnier·es de la cale de l’Histoire, dont les phénomènes racistes systémiques restent l’ancrage ostensible d’une inertie politique (Tribune du collectif BlackFlower 6) ; en créant le noir, le blanc s’est lui-même enfermé dans cette solitude abyssale, « le nègre esclave de son infériorité, le Blanc esclave de sa supériorité »(7). Poète et politique des humanismes, Aimé Césaire faisait quant à lui l’éloge des révoltes silencieuses, et inventa les termes de cette émancipation dont la « Négritude a été une forme de révolte d’abord contre le système mondial dela culture »(8). Le processus de décantation de cet examen de conscience, ne pourra pas émerger des bas-fonds mémoriels rythmés par l’installation de plaques de rue explicatives posées dans l'anonymat du froid de l’hiver, ou la commémoration de statues et d’impasses cachées au large des regards du cœur. A contrario, ces manifestations publiques dans la sensibilité de nos fantômes devront être le parangon en réapparition, toujours au grand jour d'un printemps des présences et des attentions, afin de « (…) rendre possible entre le Noir et le Blanc une saine rencontre »(9). Au-delà de l’apanage des représentations de l’Histoire et au réveil de nos cauchemars entropologiques (Lévi-Strauss), une autre cosmogonie esthétique résonne des failles de l’univers entre rébellion et guérison. L’artiste éternel comme le disait aussi Léopold Sédar Senghor, est le refuge d'une croyance collective devenant le/la porteur·se de flamme, le/la passeur·se d'une énergie sacrée dont Eugène Mona fut l’incomparable ré-inventeur créole de ce que l’on nomme musique des mornes… Quand le navire-monde (Césaire) traversera les intempéries et que la grande politique (Deleuze) commencera sa conjugaison emplie des besoins de résilience et de justice, nous hisserons alors ensemble la voile sur le pont transatlantique, pour façonner l’œuvre magistrale d’une Poétique de la Relation (Glissant).


« YÉ KRIK ! YÉ KRAK ! YÉ MISTIKRIK ! YÉ MISTRAK ! Ébé sa, sé Imn
nasyonal de la mort. Man pa sav si lé mow ni le souveniw yo za pasé par le chemin de la vie, Mé mwen épi'w, sav ké nou ké pasé par le chemin de la mort ! » Eugène Mona

Décolonisons le monde et décolonisons les arts !? Voilà donc la tâche ô
combien difficile qui nous incombe collectivement dans l’héritage des artistes, activistes et intellectuel·les qui ont dessiné les bornes d’une action révolutionnaire, celle de la pensée décoloniale toujours en devenir. Ce glissement des paradigmes d’« une posture plus radicale qui pourrait appeler de l'action politique, et se réclamer de la remise en cause du soubassement même de l’institution du savoir occidental »(10) qu’elle dénonce mais y participe encore dans l’échec de sa 3ème dimension : le lieu, comme l’explique avec vigueur et nuance Christine Chivallon à l’introduction du colloque : « L'art et le musée face à la question (dé)coloniale ». L’anthropologue bordelaise trame ce doute critique en posant ainsi la question liminale : Est-ce qu’il existe un lieu hybride/alternatif à cette pensée décoloniale au sein duquel une décolonisation des savoirs et des arts est vraiment possible ? (D’où on énonce ? Escobar). Cette fameuse question de l’émergence de ce hiatus majeur au sein du paradigme décolonial stimule en France depuis quelques temps maintenant divers chercheur·ses, artistes, critiques, commissaires indépendant·es tel·les que Françoise Vergès (Décoloniser les arts), Kader Attia (La Colonie) ou encore Olivier Marboeuf (Espace Khiasma / Un lieu pour respirer), qui recherchent ainsi cette arme émancipatoire (Césaire) dont le potentiel d’autonomie sera base de résistance aux ruses de la colonialité (Yala Kisukidi) liées étroitement à l’injonction marchande/culturelle ultralibérale de la mondialisation. À l’opposé d’un Tiers-lieu pour se rencontrer, pour créer et pour résister au sein d’une écosophie (Deleuze), une éthique de la relation (Glissant), un art de la rencontre (Ufan) créant les maillons manquants, — entre la philosophe - l’écologie - la spiritualité - l’esthétique, — des conditions spatiales d’une création contemporaine faite d’une mondialité (Glissant) même du sensible,de l’extériorité et du trouble.

« L'art en tant que résistance, seul l'acte de résistance résiste à la mort, soit
sur la forme d'une œuvre d'art soit sous la forme de la lutte des hommes. Il y a une affinité fondamentale entre l’œuvre d'art et un peuple qui n'existe pas encore » Gilles Deleuze

Après la tempête, quand l’archipel ne sera pas tombé dans le tourbillon de
Charybde en Scylla et lorsque les mangroves auront ravalé les bourrasques de haines, lorsque les bambous auront plié mais non rompu sous le séisme des coups, lorsque les mornes auront digéré leurs toxiques souffrances en jardin créole d'abondance, alors nous n’aurons peut-être plus besoin de l’art, car « quel est l’objet de l’art ? » . Au sein de cette dichotomie géographique et intellectuelle 11 entre le rationnel et l’irrationnel, la culture et la nature, les sciences et l’art, l’universel et le particulier, des penseur·ses et artistes tiennent inexorablement des deux bouts les contiguïtés de ce rassemblement des terres et des vies amputées : « Maîtriser la nature, et sa nature, par une culture fut le rêve de l’homme occidental, tout comme élargir sa culture aux dimensions cosmiques de sa nature, et de la nature, fut peut-être celui de l’homme oriental »(12). Et c’est notamment à travers les paysages ultramarins que nous retrouvons ces créateur·trices formidables de témérité face à une Histoire de l’art et une contemporanéité encore oublieuse; détenteur·trices d’une sagesse pouvant joindre la pensée et le mouvant (Bergson), c’est-à-dire l’intelligence et l’intuition des suspensions et des expositions d’un monde-ensemble, ils sont les dépositaires de cette créolisation (Glissant) empreinte de l’immanence esthétique des pratiques marronnes : Fiction archipélique / Tissage de mangrovité / Cannibalisation morne. Ces héraldiques créoles sont les symboles de cette résistance des  artistes face au tragique de la dépossession ; sur le pont de la conciliation où les témoignages restent nécessaires au sein d’un héroïsme mesuré, l’archipel inspire une dissémination de cette pensée en gouffre (Michaux, Glissant) du monde. Raphaël Barontini dévoile à l’Espace 29 un Bal Violon à l’intermédiaire de la cale et de l’envol, en invoquant les voiles dressés tels des bannières pour donner une « visibilité picturale, poétique et politique aux visages et aux corps de l’histoire noire »(13). Inspiré des rituels vaudous et des célébrations carnavalesques lors d’une résidence en Haïti, l’artiste marque son processus artistique de cette hybridité des cultures, des récits et des iconographies. Dans ce glissement de la peinture, il entremêle des imaginaires créolisés de cultures caribéennes, africaines et européennes, en hommage rendu aux héros révolutionnaires que sont Dutty Boukman, Toussaint Louverture ou Jean-Jacques Dessalines. Sous le même vent des Caraïbes, les artistes Minia Biabiany et Jean-François Boclé à l’union consacrée de leur duo artistique unity IS SUBMARINE, ont initié une plateforme pédagogique qui tisse des liens dans toute la région et notamment en Martinique/Guadeloupe au parallèle d’un activisme présent et passé — écologistes, féministes, décoloniaux etc. — au sein des réalités caribéennes. Iels plantent donc des drapeaux rouges avec les mots « isidan » et « vent » témoins de cette dissidence historique et contemporaine (blocages et protestations syndicales) pour questionner en Rezistans, et Faire flotter le rouge vent et le rouge isidan, au Fort Delgrès et au Mémorial ACTe (Guadeloupe, 2017), « en cette image d’un tapis sous-marin de cadavres qui relierait les îles antillaises (…) »(14). La conversation entreprit par Minia et Jean-François fait également émerger des séries de bribes de mémoire du fond des océans écraniques pour faire résonner ces contestations multiples qui ne fonds qu’un, dont la vidéo Dialogue 1 mêle résistance associative et l’affirmation identitaire du carnaval, dans lesquelles un peuple réhabite avec dignité une désobéissance civile à se réapproprier leur indépendance d'agir. Cette convergence des luttes essentielles dont nous sommes tou·te·s les exilé·es d'un même bateau en perdition dans le cosmos, fait l’objet d’une attention particulière car elle révèle les intersectionnalités d’un même sujet, par lequel « (…) il importe de tisser les alliances contribuant à faire de la cause animale, des luttes antiracistes, anticoloniales et féministes un problème commun (…) les théories queer, (…) et la créolisation d’Édouard Glissant contribuent à déconstruire les essentialismes identitaires hommes/femmes, hétérosexualité/homosexualité et colons/colonisés »(15).

 

La nécessité s’impose donc comme le rappelle justement Olivier Marboeuf, « de créer d’autres espaces extérieurs, non institutionnalisés et instrumentalisés, pour éviter l'appropriation de cette demande militante si nécessaire qui résonne de plus en plus fort et pour imaginer d'autres mondes des arts possibles »(16). Un espace pour vivre et accueillir le trouble d’un autrui-Autre (Glissant), « au-delà d’eux-mêmes, au-delà de leur opinion, de leur positionnement, les corps racontent quelque chose qui dépasse la parole et qui va agir sur la manière dont s'assemble l'espace pour faire lieu »(17). Quelles merveilles que ces jardins de réalités et de fictions inattendues aux arborescences de notre mémoire en mouvement, où l’on pourra enfin chanter et danser ensemble autour du feu !

 

« (…) Pitié pour la nation dont l'homme d’État est un renard, le philosophe un bateleur, et l'art un art du rafistolage et de contrefaçon. Pitié pour la nation où l'on accueille un nouveau souverain aux accents de la trompette pour le renvoyer sous les huées et en acclamer un autre aux mêmes accents de trompette que le précédent. Pitié pour la nation où les sages sont rendus muets par l’âge, tandis que les hommes vigoureux sont encore au berceau. Pitié pour la nation divisée, dont chaque partie revendique pour elle-même le nom de nation » Le jardin du Prophète, Gibran Khalil Gibran.


(1) GLISSANT, Édouard, Les Indes, Poème de l'une à l'autre terre, Paris, Falaize, 1956 - En ligne :                       https://urlz.fr/f8X5
(2) FERDINAND, Malcom, L’écologie décoloniale. Penser l'écologie depuis le monde caribéen, Paris, Seuil, 2019, p. 14.
(3) Ibid., p. 55.
(4) GLISSANT, Édouard, Ibid.
(5) KASSAB-CHARFI, Samia, Autour d’Édouard Glissant. Lecture, épreuves, extensions d’une poétique de la Relation - Les Indes métaphoriques, Pessac, Presses Universitaires de Bordeaux, 2008, p. 51.
(6) Collectif BlackFlower, Tribune : Blackflower contre Sunfllower, Bordeaux, Documentations, décembre
2020 - En ligne : https://urlz.fr/f98Z
(7) FANON, Frantz, Peau noire, masques blancs, Paris, Seuil, 1952, p. 57.
(8) CÉSAIRE, Aimé, Discours sur le colonialisme, suivi de : Discours sur la
Négritude, Paris, Présence Africaine, 1956, p. 84.
(9) FANON, Frantz, Ibid., p. 77.
(10) CHIVALLON, Christine, Colloque (introduction) : L!art et le musée face à la question (dé)coloniale,
Pessac, Fondation Maison des sciences de l’homme, Janvier 2020, 20’20 - En ligne : https://urlz.fr/f8X4
(11) BERGSON, Henri, L'objet de l'art (enregistrement de sa voix), 1936 - En ligne : https://urlz.fr/f9nz
(12) GLISSANT, Édouard, Le discours antillais, Paris, Gallimard, 1997, p. 239-240.
(13) CRENN, Julie, Texte exposition : Bal Violon de Raphaël Barontini, Espace 29, Novembre 2019 - En ligne : https://urlz.fr/f9P0
(14) CHAMOISEAU, Patrick, Écrire en pays dominé, Paris, Gallimard, 1997, p. 264-265.
(15) FERDINAND, Malcom, Ibid., p. 356/384.
(16) MARBOEUF, Olivier, Variations décoloniales, Conversation entre Olivier Marboeuf et Joachim Ben Yakoub, Mai 2019, Toujours Debout - En ligne : https://urlz.fr/f9l9

(17) Ibid.

LIENS

Bordeaux Ressources Saison culturelle 2021

Mémoire et Partage

Mémoire de l'esclavage et de la traite negrière

Agence Sens Commun

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